Echapper à la mêlée médiatique permet de retrouver l’une des denrées les plus rares de notre époque survoltée : le temps. Temps qui, sur une ferme, prend une dimension particulière. D’un côté celui après lequel l’éleveur court pour accomplir les tâches quotidiennes ; de l’autre celui des saisons qui influent sur l’organisation de ces tâches. D’un côté celui des gestes immémoriaux, de l’autre celui de l’évolution technologique qui, tout en pérennisant ces gestes, les transforme sans cesse.
Des fermes de toutes sorte qui m’accueillent régulièrement aux quatre coins de France, aux fermes provisoires que sont les salons agricoles, je dois écouter puis répondre à des dizaines de questions, noyée dans une forêt de perches, de micros et de bras. Ces déplacements sont indispensables : ils me permettent à la fois de confronter mes idées à la réalité d’une conjoncture toujours complexe, mais aussi de donner un écho national à des revendications et à des situations souvent minimisées ou caricaturées.