Le 10 juin débutera en France l’Euro 2016. Ce n’est un secret pour personne, je n’ai pas une attirance particulière pour le football. Plus précisément pour le football professionnel, son étalage indécent d’argent, ses scandales à répétition, sa corruption endémique. En clair, le monde de prébendiers qui a dévoyé ce sport, qui en a fait une activité commerciale et un business avant tout, n’a rien pour susciter l’empathie.
Je partage avec les Français cette réserve face à tant d’excès, d’opulence tapageuse dont le football professionnel est malheureusement coutumier et qui abîment les valeurs intrinsèques du sport : l’éthique, la morale, le respect des règles, la solidarité. Mais je me retrouve avec celles et ceux de nos compatriotes qui savent mettre leurs justes critiques de côté quand l’enjeu et la Nation sont en première ligne. L’Euro, tout comme la Coupe du Monde et les grandes compétitions sportives auxquelles notre pays participe, doit être l’occasion d’un moment de communion patriotique et de fierté nationale.
Si le désamour des Français pour les joueurs de l’équipe nationale s’est creusé depuis les détestables images de Krysna en Afrique du Sud et les dérapages, scandales, affaires extra-sportives, chantages sordides qui se sont succédé, l’équipe de France a l’opportunité à l’occasion de cette compétition de se racheter une conduite, de renouer ce lien distendu avec le peuple français.
Cette compétition organisée dans un contexte difficile – qu’il me soit permis ici de saluer le travail des forces de l’ordre éprouvées depuis des mois et qui seront de nouveau sollicitées pour assurer la sécurité des millions de spectateurs et visiteurs – va exiger de chacun des joueurs, une détermination, un engagement, une solidarité sans faille, sans lesquels la victoire n’est pas possible.
Les joueurs de l’équipe de France seront jugés sur leurs performances sportives tout autant que sur leur attitude et leur comportement. Qu’ils soient dignes du maillot qu’ils portent et les Français seront fiers de les soutenir, quel que soit leur parcours dans la compétition.
Cette dignité, nous l’attendons également des politiques toujours prompts en cette occasion à céder à la tentation de l’instrumentalisation et de la récupération. Rappelons que le mythe grotesque de la « France black blanc beur » invincible monté de toutes pièces en 1998, s’était évaporé quatre
ans plus tard au Japon et en Corée du Sud. Au moment où le poison du communautarisme se distille dans le débat sur la non-qualification de certains joueurs, il est également utile de rappeler que les victoires sont les fruits des performances sportives, de l’engagement, de l’esprit d’équipe, de la solidarité, elles ne se construisent pas sur l’origine des uns ou des autres.
Enfin, il est utile de répéter que le football n’est pas une manifestation politique, mais un sport et que l’équipe de France n’a pas à être l’otage d’une propagande déplacée et inepte. Une victoire des Bleus, que nous souhaitons tous le 10 juillet, ne créera pas « d’élan » pour François Hollande comme l’espère naïvement Patrick Kanner, le ministre des Sports.
Rendons aux footballeurs ce qui leur appartient, la seule chose que nous leur demandons est de tenir leur place et de faire honneur aux couleurs qu’ils portent.