Menace sur la sécurité sociale

Comme tous les ans, à cette époque, la grippe frappe les Français. Pour les plus vulnérables d’entre nous, elle peut avoir des conséquences tragiques. Je pense notamment à nos aînés souvent fragilisés. Comment ne pas avoir une pensée pour les treize pensionnaires de cette maison de retraite qui en sont décédés ? Au-delà d’une légitime émotion, ce drame ne peut que nous inciter à la réflexion. Bien entendu il y a le cas particulier de la grippe, et la nécessité de chaque année vacciner les publics prioritaires en temps et en heure.

Mais plus généralement, nous devons consolider et même renforcer notre système de santé, nous devons garantir une protection sociale qui permette à chaque Français de se soigner quel que soit son âge, quelle que soit sa situation personnelle, quels que soient ses revenus. Cela passera par un véritable changement de paradigme, nécessaire pour s’adapter aux mutations que nous connaissons : vieillissement de la population, recrudescence des pathologies chroniques, révolution technologique. Or, nous ne pouvons que nous inquiéter des propositions de mes adversaires dans cette campagne électorale.

Ainsi, François Fillon annonce qu’il veut démanteler la Sécurité sociale en la limitant aux seules pathologies graves, déléguant la prise en charge de la plupart des affections courantes, ce que son équipe qualifie de « bobologie », aux assurances complémentaires, dont le coût explosera systématiquement. Un de ses amis est même allé jusqu’à distinguer entre les petits rhumes et les gros rhumes… En appliquant une telle politique inepte, l’égale protection de tous les Français face à la maladie, mise en place par le général de Gaulle, serait réduite, anéantie. En réalité, sous prétexte de sauver la Sécurité sociale, François Fillon finirait par trahir les principes fondamentaux de celle-ci, et notamment son caractère solidaire.

De son côté, Emmanuel Macron nous promet un « Doctissimo » public, où chacun pourrait s’auto-diagnostiquer et choisir la voie de l’automédication, au lieu de consulter un médecin, seul professionnel habilité à diagnostiquer et prescrire un traitement adapté. L’ancien ministre de l’économie avance également que les pharmaciens pourraient dorénavant prescrire des médicaments… Sans remettre en cause leurs compétences, ce n’est pas leur métier, et ils ont déjà beaucoup à faire, et d’autres fonctions capitales à jouer dans notre système de santé, sur lesquelles d’ailleurs la réflexion doit rester ouverte. Bref, les propositions d’Emmanuel Macron aggraveraient les maux de nombre de patients.

Au final, avec François Fillon ou Emmanuel Macron, seuls les très riches ou les clandestins pourraient avoir accès à des soins de qualité.

La santé est un sujet trop sérieux pour l’abandonner à une gestion de pénurie. Il faut s’attaquer aux vrais problèmes. Mettre fin à la fraude sociale, notamment en instaurant la carte vitale biométrique. Supprimer l’aide médicale d’Etat qui permet aux clandestins de se soigner aux frais des Français. Délivrer les médicaments à l’unité afin d’éviter les gaspillages. Développer la prévention, avec des campagnes bien ciblées. Engager un bras de fer avec les laboratoires pharmaceutiques pour obtenir une baisse du prix des médicaments. Il faut donc avoir une volonté politique pour sauver notre système de santé et améliorer la prise en charge de nos concitoyens. La Sécurité sociale est une partie intégrante de notre République que nous nous devons de préserver et de consolider pour les générations futures.

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