En ce 14 juillet, jour de fête nationale, il est des traditions que l’on attend plus que d’autres.
Parmi celles-ci, et loin devant l’interview du président de la République, il y a le fameux défilé militaire sur les Champs-Elysées.
Enfant déjà, j’étais impressionnée par le prestige des uniformes et des hommes en armes, par l’éclat des drapeaux brodés au fil d’or, par l’harmonie du mouvement ordonné des troupes. Aujourd’hui encore, je vibre, comme des millions de Français, devant les images de ce défilé unique au monde, au cours duquel la France expose tout à la fois sa beauté et sa puissance, au détour d’une des plus belles artères de la capitale.
Citoyenne, je retire une fierté immense de ces armées françaises dont l’histoire se confond si profondément avec celle de la France. Il me semble en effet que le général de Gaulle ne se trompait pas lorsqu’il écrivait, dans La France et son Armée, que le génie du peuple français se « reflète fidèlement au miroir de son armée ».
Il est vrai qu’en France, le lien armée-Nation est d’une intensité exceptionnelle : les Français aiment leur armée ; ils ont pour elle un respect et un attachement unanimes.
Le défilé du 14 juillet est donc l’occasion, pour chaque Français, de se rappeler l’importance de disposer d’une armée forte, ainsi que du devoir de soutien qui est celui de la Nation toute entière envers celles et ceux qui s’engagent pour la Patrie, la servent et la protègent, faisant parfois jusqu’au sacrifice de leur vie.
C’est pour moi également l’occasion d’exprimer une pensée patriotique toute particulière pour tous les militaires, tous les civils, acteurs de notre défense, hommes et femmes de tout rang, de tout grade, actuellement engagés sur les théâtres d’opérations extérieures. Que ce soit au sol dans l’immensité désertique du Sahel, dans les airs au dessus de l’Irak ou de la Syrie, dans les mers contre les pirates qui sévissent dans l’Océan Indien. Cette pensée particulière va également aux 13 000 militaires actuellement engagés sur notre territoire dans le cadre de l’opération Sentinelle, qui rappelle à ceux qui avaient pu l’oublier que la menace est désormais présente partout.
Cependant, l’éclat du défilé du 14 juilletne doit pas masquer une autre vérité : nos armées souffrent.
Elles souffrent des choix politiques irresponsables qui ont été ceux de Nicolas Sarkozy et après lui de François Hollande, qui ont effondré l’effort de défense. Lorsque le président Sarkozy a pris la décision de supprimer 54 000 postes de militaires au sein de nos armées, il a commis une faute lourde de conséquences. Par cette décision, il a trahi ce que d’aucuns savaient déjà sur son caractère personnel, manifestement incompatible avec les exigences de la fonction présidentielle : aucune véritable vision stratégique, un sens de l’État absolument inexistant.
Pendant des décennies, les armées françaises ont été la variable d’ajustement budgétaire des gouvernements successifs, de droite comme de gauche. Cette situation n’est plus tolérable. L’effort de défense doit être sanctuarisé et porté au minimum à 2 % du PIB, puis tendre vers les 3 %.
C’est à cette condition seulement que les hommes et les femmes qui participent à notre défense nationale pourront exercer l’ensemble de leurs missions correctement, sans problème matériel ni financier, sans stress supplémentaire pour leurs familles et leurs proches.
C’est à cette condition seulement que nos armées pourront se déployer et oeuvrer sans carence capacitaire partout dans le monde, que notre autonomie de décision sera effective et que notre indépendance politique ne relèvera pas de la simple posture.
La France a besoin d’ambition. Son champ d’action ne se réduit pas à un seul continent ; il est à l’échelle de la planète entière. Or, une ambition nationale suppose nécessairement une ambition en matière de défense.
Car enfin, il faut bien garder à l’esprit que les armées ne servent pas seulement à faire la guerre, elles permettent avant tout de garantir la paix.
Comme le déclarait, non sans humour mais avec beaucoup d’esprit, l’ancien secrétaire d’État américain et prix Nobel de la paix Henry Kissinger, « un porte-avions c’est 100 000 tonnes de diplomatie ».
Eh bien de la même manière, plus les armées françaises seront puissantes, plus la voix de notre pays pèsera dans le concert des Nations, plus nous jouerons notre rôle historique, et plus la France pourra assurer sa sécurité et consolider ainsi la paix dans le monde.