Traité Transatlantique : sortir de l’enfumage

J’ai entendu ce matin à la radio le Secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Matthias Fekl, et il me faut prendre la plume.
La classe politique française, jusqu’au chef de l’Etat et l’ancien chef de l’Etat, vient donc subitement de découvrir le Traité Transatlantique (ou TAFTA, TTIP). Probablement alertés par quelques sondages inquiétants pour eux quant à l’état d’esprit de nos compatriotes sur ce Traité, ils y vont tous depuis quelques jours de leur petit couplet sur les dangers et les menaces de ce texte.

Les Français sont fatigués de cette hypocrisie, celle des pseudo-résistants de la dernière heure, qui jusqu’ici ont toujours refusé de débattre de ce Traité, jusqu’à en nier l’existence comme il y a un an encore Emmanuel Macron. Je ne parle même pas de l’attitude du gouvernement français, qui n’a eu de cesse d’accompagner les négociations de ce Traité, et de refuser toute information aux Français. Quant aux ex-UMP et prétendus “Républicains”, qui jamais n’ont rien dit ni rien fait contre le TAFTA, qui au contraire en ont accompagné la matérialité et l’esprit au sein des instances européennes depuis des années, ils font montre d’une tardive indignation qui relève de cette façon d’enfumer qui les caractérise si bien.

De mon côté, avec mes amis patriotes, je bataille depuis longtemps contre ce Traité. Dans un quasi désert médiatique il faut le dire, ce qu’on ne peut que déplorer. Nous avons lancé des pétitions contre lui, nos jeunes et nos eurodéputés ont manifesté à plusieurs reprises, notre collectif citoyen Nouvelle Ecologie a organisé des événements pour débattre, j’ai multiplié les prises de position et les votes au Parlement européen, les vidéos sur Internet (en juin 2013 : https://www.youtube.com/watch?v=8_3tLXmL7gI, puis en avril 2014 : https://www.youtube.com/watch?v=hxwtfANiet4). Nous avons poussé le sujet dans les médias. Je me souviens de ces débats où nous tentions de faire réagir nos adversaires de l’UMP ou du PS sur le texte : nous avions systématiquement face à nous des murs…

Je ne regrette pas ce déploiement d’actions, j’en suis fière : il était indispensable à l’émergence du débat dans notre pays, et à l’éveil des consciences. Je déplore en revanche le faible intérêt des médias français pour le TAFTA, quand en Allemagne la controverse est très vive depuis des années déjà.

Ce Traité serait une catastrophe économique, sociale, agricole, sanitaire, environnementale, démocratique. Il s’inscrit dans la logique mondialiste ultralibérale la plus classique, qui vise à aligner les normes sur le modèle américain, jusqu’à nos habitudes alimentaires, et vise à servir sur un plateau nos vies aux firmes multinationales, quitte à leur faire bénéficier d’une justice d’arbitrage privée pour sanctionner les Etats récalcitrants qui refuseraient de s’effacer devant elles.

C’est la Commission Européenne qui au nom de l’UE, et donc des Français aussi !, négocie ce texte depuis des années avec les Etats-Unis. Le Conseil de l’Union Européenne lui a confié ce mandat en juin 2013, dans la pire opacité.

Les dernières révélations de Greenpeace, relayés en France par Le Monde, confirment le brouillard antidémocratique qui entoure ce texte, ainsi que les grandes menaces qu’il fait planer sur la vie de nos nations, et même sur notre santé.
On y apprend au passage que l’Union Européenne met bien plus de zèle que les Etats-Unis à faire aboutir au plus vite ce texte. Je ne m’en étonne pas, car la philosophie du Traité transatlantique est la même que celle de l’Union Européenne : passer outre les Etats-Nations, supprimer les protections, harmoniser les normes, donner les clés de la démocratie aux puissances d’argent.

Je me tourne donc solennellement aujourd’hui vers François Hollande et je lui dis “Monsieur le Président de la République, sortez immédiatement la France des négociations sur le Traité transatlantique, ne perdez plus un instant !”.

Mais je ne m’arrête pas là, parce qu’à la différence des enfumeurs du Système je suis cohérente et je vois loin.

Je demande ainsi que la France retrouve sa capacité de négocier souverainement pour elle-même les accords commerciaux. Il faut arracher cette compétence aux technocrates de Bruxelles, qui jouent toujours contre nos intérêts nationaux, et dans l’opacité.

J’ajoute qu’on ne pourra pas se contenter d’un abandon du TAFTA. Celui-ci n’est qu’une pièce du puzzle mondialiste qui se dessine année après année contre les Nations, les Peuples, leur prospérité, leur sécurité et leur liberté.
Il y d’autres accords de libre-échange, avec le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande pour n’en citer que quelques uns, qui sont négociés ou en cours de négociation par l’Union Européenne. Ils procèdent de la même idéologie, celle qui mettra par terre nos usines, nos fermes, notre sécurité alimentaire et notre mode de vie. Nous devons les recenser et les refuser.

Je suis très favorable à l’échange économique, à l’échange industriel, à l’innovation par la saine émulation des nations, c’est l’histoire de l’Humanité. Mais à la condition que cet échange soit loyal, intéressant pour toutes les parties et respectueux des démocraties nationales.

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