Lanceur d’alerte au Québec

Pourquoi aller au Québec ?

Pourquoi maintenant ?

Pour y porter quel message ?

Ce n’est certes pas en lisant la presse française que vous auriez pu trouver des réponses à ces questions, celle-ci ayant définitivement abandonné l’idée même de transmettre quelques informations que ce soit, pour se calquer sur les montages grossiers et malhonnêtes du « Petit journal » devenu, c’est presque risible, l’émission de référence du PAF français.

En réalité, j’ai profité d’un voyage que j’entendais faire à Saint-Pierre-et-Miquelon pour passer quelques jours au Québec afin de participer à des travaux de la commission INTA (commerce international) à laquelle je participe au Parlement européen, mais aussi en raison de la semaine de la francophonie.

En effet, en ce début de XXIe siècle, la France et les Français semblent inconscients de la dimension mondiale de leur langue et de l’étendue du monde francophone. Je suis convaincue que ce dernier point contribue à l’amoindrissement durable de la France dans le monde, la langue étant le principal vecteur d’influence culturelle, économique et politique.

Pourtant le français est une langue très dynamique dans la mondialisation, quatrième langue sur Internet, troisième langue d’affaires, deuxième langue d’information au monde. En 2060, certaines études affirment que l’on dénombrera 1 milliard de francophones dans le monde. Le monde francophone stricto sensu est aujourd’hui un vaste espace de plus de 16 millions de kilomètres carrés, soit près de quatre fois l’Union européenne tout entière.

Il regroupe, sur quatre continents, plus de 450 millions d’habitants qui se répartissent sur non moins de 33 pays où l’on peut « vivre en français ». Or, l’on sait pertinemment qu’une langue commune est à l’origine de l’accroissement considérable des échanges entre les pays qui la partagent, hausse que certaines études estiment à plus de 50 % sous réserve de compétitivité égale.

Un espace donc de « richesse commune » où les principales conditions nécessaires à la concrétisation et à l’optimisation de ce potentiel sont déjà réunies :

– abondance des richesses naturelles aussi bien en Afrique qu’au Québec et dans notre domaine maritime ;

– dynamisme démographique, avec un taux de croissance annuel actuel de 2,1 % pour l’ensemble du monde francophone ;

– stabilité politique, plus forte en Afrique francophone qu’en Afrique anglophone ;

– Croissance économique puisque l’Afrique francophone connaît 5 % de croissance annuelle depuis 10 ans.

Or, on est obligé de constater qu’il n’y a pas de volontarisme politique dans le domaine de la francophonie. Ainsi, aucun grand État francophone n’a encore établi de stratégie, de projection, coopération, ni diplomatique, ni industrielle notamment à l’échelle de la francophonie. Quant à l’organisation internationale de la francophonie (OIF), elle est, chacun l’admettra, une structure sous-dimensionnée au budget ridicule de 80 millions d’euros par an, qui reste l’opérateur de projets exclusivement symboliques est, somme toute, extrêmement modestes.

Aller donc au Québec pour faire une grande conférence de presse sur mon projet pour le développement de la francophonie apparaissait nécessaire et, pour tout dire, incontournable.

J’en ai bien entendu profité pour visiter cette belle province, le château de Frontenac, fierté architecturale et patrimoine historique de la ville de Québec, mais aussi aller méditer sur les plaines d’Abraham, lieu de la défaite de Louis-Joseph de Montcalm qui marqua le début de la domination britannique.

Sur les mythiques plaines d'Abraham
Sur les mythiques plaines d’Abraham

Je savais bien que cette visite dérangerait la classe politique canadienne et québécoise qui, pour une partie impose et pour l’autre subit une absence totale de débat sur des sujets que porte le Front National, non seulement en France mais également dans le monde : immigration, communautarisme, laïcité, lutte contre le fondamentalisme islamiste. Tous ces sujets sont aujourd’hui tabous au Québec, toute comparaison avec la France des années 80, celle de SOS-Racisme ou les choix effectués par la Belgique depuis des années ne serait pas fortuite.

Le règne du « consensus » sur ces sujets, en fait du « politiquement correct », règne et ceux qui ont le malheur de ne pas considérer l’immigration massive comme une chance ou l’acceptation du fondamentalisme islamiste comme une preuve d’ouverture, ceux qui remettent en cause le choix d’un modèle communautariste imposé par Monsieur Trudeau, le père de l’actuel Premier ministre canadien, alors ceux-là sont immédiatement cloués au pilori.

Dans ces conditions, même Pierre–Karl Péladeau, patron du parti québécois, qui partage avec le Front National un certain nombre de préoccupations communes : la souveraineté, la francophonie, la protection d’une indépendance agricole face au traité de libre-échange, même ceux-là ont dû passer sous le boisseau.

C’est dans ces conditions que Monsieur Péladeau, il y a un peu plus d’un an, a dû faire marche arrière après avoir dit que « l’immigration perturbait le projet souverainiste ». Il est évident dans ces conditions que ma venue ferait pour le moins débat et, avec elle, ma liberté de parole, ma franchise sur des sujets aujourd’hui totalement tabous dans la vie politique canadienne et québécoise.

Et alors ? Mon objectif n’était pas de faire la tournée des popotes politiques au Canada ou au Québec mais bel et bien de pouvoir m’exprimer dans différents médias et parler directement aux Québécois, ce que j’ai fait ayant été interrogée par plus d’une vingtaine de médias en l’espace seulement de quelques jours, au grand dam de l’extrême gauche locale (http://sortonslespoubelles.com/le-pen-le-succes-dont-personne-ne-parle).

Au Québec, rencontre avec les Français, les Québécois et la presse
Au Québec, rencontre avec la presse

J’ai ainsi pu exprimer notre opposition aux traités ultralibéraux de libre-échange mondialisé qui mettent en danger les marchés intérieurs, la souveraineté des peuples, notre souci de développer la francophonie économique avec les états, rappeler notre attachement à la relation France-Québec un lien historique récemment distendu.

Monsieur Philippe Couillard, Premier ministre de la province de Québec, et Manuel Valls ont rompu une entente de 30 ans qui, dans l’enseignement supérieur, établissait un principe de réciprocité pour les frais universitaires des Français au Québec, des Québécois en France, avec le résultat qui n’allait pas tarder : triplement des frais universitaires pour les Français au Québec et baisse immédiate de leur présence dans lesdites universités.

Mais j’ai aussi, et c’est essentiel, exprimé les dangers que représentait la politique menée par le Premier ministre canadien Trudeau qui a accueilli l’année dernière 25 000 Syriens en balayant d’un revers de main le danger d’infiltration de terroristes au sein de ces flux de migrants, en déclarant que s’il y avait un terroriste au milieu de ces 25 000 migrants, il prenait le risque.

Jouant alors le rôle de lanceur d’alerte, j’ai soulevé l’irresponsabilité d’un tel choix politique au regard des lourdes pertes subies par nos pays du fait des mêmes choix politiques effectués en France.

Après trois jours d’interviews multiples et variées dans l’ensemble des médias québécois et canadiens, après trois jours de polémiques organisées par le système, le mercredi matin a vu les Québécois se réveiller avec l’annonce des attentats de Bruxelles.

Les analyses que j’avais pu faire ont alors résonné d’un écho particulier, j’ai reçu à ce titre beaucoup de témoignages de Québécois qui m’ont remerciée de dire tout haut ce qu’ils pensaient tout bas et je crois avoir modestement contribué à susciter un débat totalement étouffé par les élites et pourtant tellement prégnant dans la population québécoise, sur les choix effectués par leurs dirigeants.

J’étais d’autant plus fondée à le faire qu’il s’agissait pour moi non pas de donner des leçons mais de montrer ce que le choix terrifiant de l’immigration de masse couplé à celui du communautarisme exacerbé peut entraîner de chaos et de danger.

Ce voyage au Québec fut donc extraordinairement utile et le sera très probablement plus encore dans l’avenir, afin de démontrer tout le bénéfice qu’il y a à oser dire la vérité, à briser les tabous, à imposer dans le débat les préoccupations des peuples face aux décisions irresponsables de leurs élites.

Et ça n’est pas l’interview soviétique de Madame Anne-Marie Dussault dont je vous laisse juge (http://ici.radio-canada.ca/audio-video/media-7464448/entrevue-danne-marie-dussault-avec-marine-le-pen-a-2460), qui doucha mon ardeur à porter ces sujets fondamentaux, bien au contraire !

Cet objectif atteint, nous nous sommes donc envolés pour Saint-Pierre-et-Miquelon, seul outre-mer que je n’avais jamais eu l’occasion de visiter. J’ai, comme dans beaucoup d’outre-mer français, rencontré là un grand sentiment d’abandon.

J’y ai rencontré le Président de la Chambre de Commerce, Xavier Bowring, accompagné de pêcheurs et de chefs d’entreprises qui m’ont exprimé les difficultés qui sont les leurs à se projeter dans un avenir économique comportant pourtant un fort potentiel mais qui, à l’évidence, nécessite l’investissement d’un Etat stratège à leurs côtés pour faire de ces îles, à équidistance de New-York et du Groenland, un poste avancé d’une stratégie de développement économique tourné vers l’arctique.

Avec les responsables économiques de Saint-Pierre et Miquelon
Avec les responsables économiques de Saint-Pierre et Miquelon

Au 1er Vice-président du Conseil Territorial, Stéphane Lenormand, que je rencontrais avec le Secrétaire général du groupe ENL, j’ai exprimé mes inquiétudes de voir que, ni le Commissariat général à la stratégie et à la prospective, ni la Commission « innovation 2030 », ni la Banque publique d’investissement, n’avaient travaillé sur le potentiel de cet outre-mer en même temps si particulier et si méconnu. J’ai également fait part de mon intention de continuer à lutter contre l’accord Union européenne/Canada qui aura évidemment un impact terrible sur la pêche, secteur déjà en fort recul.

A l’issue d’une conférence de presse, je quittais Saint-Pierre sans avoir eu l’occasion de répondre à l’invitation du Maire de Miquelon, la tempête ayant empêché l’avion de décoller. La Bretonne que je suis avait bien intégré les aléas météorologiques, lorsque notre Secrétaire départemental, Roger Rode, préparant le planning nous avait prévenus « si le temps le permet »…

Le temps ne l’a pas permis et me donnera l’occasion de revenir dans cette France des oubliés, celle d’outre-mer qui mérite mieux que la condescendance avec laquelle les dirigeants français successifs la traitent depuis quelques mandats.

Retrouvez ma conférence de presse à Saint-Pierre : http://www.frontnational.com/2016/04/conference-de-presse-du-jeudi-24-mars-2016-a-saint-pierre-et-miquelon

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