Je suis une lectrice de magazines féminins, et je suis une responsable politique. Lorsque le président de la République accorde un entretien au magazine Elle cela ne peut donc qu’éveiller ma curiosité.
François Hollande se déclare féministe. Très bien.
Mais à la lecture de l’interview je déchante vite. Les Françaises pourront encore attendre.
Les mots remplacent l’action. La communication remplace la réflexion de fond.
Oui, le statut des femmes est remis en cause aujourd’hui en 2016 dans notre pays. Oui, l’égalité homme/femme qui constitue un point cardinal de notre culture, de notre civilisation française, de ces valeurs auxquelles nous tenons le plus, est en danger. Mais le président continue de conter fleurette quand il devrait prendre le sujet à bras le corps.
Le statut de la femme est aujourd’hui sous le coup de deux menaces qui s’additionnent.
La première nous a été brutalement rappelée à Cologne, dans les heures qui marquaient la naissance de cette nouvelle année 2016. La nuit de la Saint-Sylvestre des centaines de femmes allemandes étaient en effet victimes d’agressions sexuelles et de viols, commis par des personnes qui portaient une vision de la femme réduite à un objet sexuel. Malgré l’omerta des premiers jours, très vite il fut démontré que l’immigration massive était en cause. Et les mêmes drames intimes ont eu lieu, dans les mêmes conditions, à Stockholm, et dans d’autres villes. J’en ai parlé haut et fort, mais qui d’autre l’a fait ? Malheureusement peu de monde.
En France aussi, la régression menace. Combien de jeunes femmes aujourd’hui ne sont plus tout à fait libres de se vêtir comme elles l’entendent dans certains quartiers ? Combien portent le voile “pour ne pas avoir d’ennuis” ? Combien de femmes se font discrètes, se fondent dans le décor, là aussi “pour ne pas avoir d’ennuis” ?
Et, nous, femmes de France, combien de temps allons-nous laisser une politique impuissante piétiner des siècles de combats menés énergiquement par nos mères et nos grand-mères ?
J’ai deux filles, et je ne veux pas qu’un jour, ne serait-ce que l’espace d’un seul instant, elles soient contraintes, parce que femmes, à quelque chose qu’elles ne souhaitent pas.
La seconde menace est aujourd’hui paradoxalement portée par une femme, la ministre El Khomri. Si elle est votée, la loi dite “Travail” va ajouter beaucoup de précarité à une société déjà tellement précaire. Or nous le savons tous : les femmes sont toujours, et il en sera toujours ainsi malheureusement, les premières victimes de la précarisation économique et sociale. Toujours, ce sont elles qui subissent le plus les temps partiels contraints. Toujours, ce sont les femmes qui servent de variable d’ajustement.
Je me souviens de cette directive européenne, en l’an 2000 déjà, qui avait obligé la France à autoriser le travail de nuit des femmes. Ce recul m’avait choquée, mais le rouleau compresseur européen avait eu raison de toutes nos valeurs.
Qui souffre le plus des reculs incessants de l’âge légal de départ à la retraite, de l’augmentation parallèle, et pour rien, de la durée obligatoire de cotisations pour avoir une retraite pleine ? Les femmes, là aussi. Ce sont les femmes qui ont le plus de difficultés à remplir les conditions d’une retraite décente, parce que leur carrière s’interrompt plus souvent. On leur demande de faire une course d’obstacles, mais les haies sont de plus en plus hautes et le boulet accroché à leurs chaussures de plus en plus lourd. Je les rencontre chaque jour ces retraitées, obligées de faire avec des pensions de misère, quelques centaines d’euros qui ne permettent pas de vivre, mais juste de survivre difficilement. Faut-il aussi rappeler que ce sont majoritairement des veuves qui ont subi de plein fouet la suppression de la demi-part fiscale, mesure Umps profondément injuste suspendue (et seulement suspendue) pour cause de campagne régionale.
Est-ce bien digne de notre pays ? Je réponds non.
Le combat pour la femme n’est jamais terminé. Mais en ce moment l’affaire est bien plus grave : il recule et nos dirigeants regardent ailleurs.
Je le reprendrai.