Ce jeudi soir je m’inflige, comme beaucoup de Français qui malgré tout voudraient encore y croire, l’interview du président de la République sur TF1 et France 2.
Sans surprise, malheureusement, le propos est creux, insipide, souvent confus. Le président commente les crises, le terrorisme, le chômage, la colère agricole, mais il ne cherche pas à les résoudre. Même intuitivement on sent que le pouvoir n’habite plus le pouvoir, qu’il est ailleurs, dispersé entre Bruxelles surtout, mais aussi Berlin, Pékin, la City, Washington et quelques autres de ces îlots où les décisions du monde, et de la France, se prennent.
Mais une annonce, une seule, retient mon attention au milieu de cette langueur hollandienne : la tenue prochaine d’un référendum local sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Mille choses me viennent soudain à l’esprit et me font réaliser combien le recul est grand, et combien la tache sera imposante. Il y a 20, 30 ou 50 ans les présidents de la République annonçaient des référendums nationaux sur des Constitutions, l’élection au suffrage universel du Chef de l’Etat, ou des Traités européens fondamentaux, comme Maastricht. Désormais ils annoncent, sans base juridique pour le faire, des consultations locales sur des aéroports, projet que le Front National au passage a toujours considéré comme le caprice coûteux d’un baron local plus soucieux de laisser sa petite trace que de servir l’intérêt général.
Affaiblissement du pouvoir.
Je repense aussi à ce dernier référendum national proposé aux Français. Onze ans déjà ! Une éternité dans une démocratie digne de ce nom. C’était le 29 mai 2005 et les Français fièrement disaient non à la Constitution européenne qui voulait avaler la France, sa nation, son modèle social, sa liberté.
Un référendum qu’on évite soigneusement depuis dans les hautes sphères, parce qu’il sent le souffre des peuples en révolte, en colère, en recherche d’une alternative et d’une nouvelle espérance.
Un référendum qu’on ne fait plus, ou qu’on trahit. Comme ils l’ont fait, main dans la main gauche centre et droite confondus un jour de 2008, en février déjà, à Versailles, par l’adoption parlementaire du Traité de Lisbonne, cette Constitution européenne qui ne disait plus son nom.
Trahison du pouvoir.
Nous renouerons avec les référendums, ils seront fréquents et respectés. Nous créerons un vrai référendum d’initiative populaire comme en Suisse. A l’affaiblissement et à la trahison nous substituerons la souveraineté et la démocratie vivante.
Et les interviews du Chef de l’Etat à la télévision reprendront un sens.