Mon analyse du programme de M. Macron

Emmanuel Macron a enfin daigné présenter un programme aux journalistes. Il était temps, à 50 jours du premier tour… Il a donc pris beaucoup de temps pour rédiger cela, avec le renfort nous dit-il de moult experts. Le résultat est pourtant bien décevant et constitue une menace majeure pour l’avenir de la France et des Français. Et même sur certains points, son projet consiste en une négation de la France.

Le premier grand problème est que ce n’est pas le projet d’un candidat à l’élection présidentielle. Il n’y a en effet dans ce catalogue aucune vision de ce que peut et doit devenir la France dans les années qui viennent. Son programme fleure bon le marketing politique mais se résume à une addition de promesses comme on en a déjà fait mille fois aux Français. Comme beaucoup dans la classe politique, M. Macron aime aller dans le sens du vent, mais son projet est vide de sens. M. Macron nous avait déjà dit “qu’il n’y a pas de culture française”, on a la confirmation avec ce programme qu’il ne comprend pas la France du tout.

À sa lecture, on est frappé par la ressemblance avec celui de François Hollande en 2012. Sur presque tous les sujets, son programme cache derrière de jolies formules, comme autant de fleurs envoyées aux Français, la continuation de l’aventure hollandienne, cet enfer que connaissent les Français. M. Hollande aurait d’ailleurs pu le signer s’il avait été candidat.

Ce constat n’étonnera personne, Emmanuel Macron ayant été l’un des principaux conseillers à l’Elysée de François Hollande, puis son ministre de l’économie, avant d’être son poulain, celui que MM. Hollande et Cazeneuve soutiennent de plus en plus évidemment dans cette campagne.

Avant de répondre à certains aspects particulièrement problématiques dans le programme d’Emmanuel Macron, il importe de soulever les trois points de continuité majeurs avec le quinquennat de François Hollande.

En premier lieu, ce programme prévoit d’accentuer la mise sous tutelle de la France avec la création d’un gouvernement économique de la zone euro et le silence radio sur les traités de libre échange négociés par Bruxelles qui ruinent notre industrie et notre agriculture. C’est finalement le programme de la souveraineté perdue, définitivement abandonnée et enterrée. La question de l’indépendance de la France, de sa capacité à agir, à véritablement avoir une prise sur le destin des Français est pourtant centrale dans cette élection. Car si les Français perdent confiance dans la politique, c’est avant tout parce qu’ils savent que les dirigeants n’ont plus de pouvoir. Le programme de M. Macron leur en enlève encore. Je considère que cette élection est au contraire le moment de décider si nous souhaitons que la France puisse redevenir un pays indépendant, retrouver des armes dans la mondialisation sauvage, à l’heure où plusieurs pays et non des moindres décident de revenir sur le libre-échange intégral et de protéger leur économie. L’autre option est de donner tout le pouvoir à une oligarchie qui décidera contre les intérêts des Français et des peuples.

Deuxièmement, ce programme fait quasiment totalement l’impasse sur les domaines essentiels que sont la sécurité des Français et la crise migratoire, comme en écho à l’inaction totale du gouvernement sur ces sujets depuis cinq ans. Or, il s’agit ici aussi d’un point au cœur des préoccupations des Français. Les mesurettes proposées par M. Macron dans ces domaines ne répondront jamais aux inquiétudes des Français, surtout quand on sait qu’il obéit au projet funeste de faire progresser massivement l’immigration en France, en témoignent les félicitations qu’il a adressées récemment à Mme Merkel pour l’accueil d’1,5 millions de migrants dans son pays. Je dis souvent que cette élection s’apparente à un choix de civilisation et pose notamment la question suivante : voulons-nous que la France reste la France ou devienne un territoire multiculturel où chacun est intégralement libre d’entrer et de s’installer ? C’est une question fondamentale, et je constate que les non-dits du projet de M. Macron y donnent une réponse diamétralement opposée à la mienne. Je note par ailleurs le caractère particulièrement antirépublicain du programme de M. Macron, là aussi dans la droite ligne de la politique menée depuis des années, dans la mesure où il consiste en un enterrement en bonne et due forme de la laïcité et une incitation au communautarisme, via des mesures choquantes concernant la place des religions dans l’espace public et leur financement.

Troisièmement, en continuité là aussi de la politique de M. Hollande, le programme de M. Macron entraînerait une franche aggravation des injustices et renforcerait les inégalités entre les territoires. Il s’inscrit en effet dans la logique d’un alourdissement de la fiscalité pour les classes populaires et moyennes, avec notamment la hausse générale de la CSG, et d’un abaissement pour les plus riches, avec la très forte réduction de l’ISF pour les très gros patrimoines financiers. Quant aux territoires, tout est à l’avantage des plus grandes métropoles, avec la disparition de nombreux départements. On est en outre frappé par l’absence totale de projet pour la ruralité.

Sur ces trois sujets centraux, ceux que je mets au cœur de la campagne présidentielle depuis des semaines maintenant, Emmanuel Macron s’enferme dans la poursuite du quinquennat de M. Hollande et n’apporte aucune solution nouvelle, si ce n’est des propositions qui aggraveront en réalité la situation.

Au-delà du contenu, la structure du programme interpelle et fait là aussi immanquablement penser à M. Hollande. Parce qu’on repère immédiatement qu’il s’agit d’un catalogue un peu brouillon, partant dans tous les sens, et manquant singulièrement de cohérence. Cela rejoint le problème de l’absence de vision politique. En réalité, Emmanuel Macron ne sait guère ce qu’il voudrait faire pour la France, si ce n’est maintenir le confort douillet des amis du système, sans jamais prendre en charge les attentes des Français, sans provoquer aucune rupture, et sans avoir le courage de s’attaquer aux défis fondamentaux qui sont devant les Français. Ce programme révèle l’absence totale de volontarisme de M. Macron, travers central qui affectait déjà M. Hollande.

Je vous laisse juger par vous-mêmes de quelques perles de ce programme si longtemps attendu…

➝ Europe : l’extinction définitive de notre souveraineté et de notre liberté

1) Renforcement de l’intégration de la zone euro et maintien de l’austérité : E. Macron veut « créer un budget pour la zone euro voté par un Parlement de la zone euro et exécuté par un ministre de l’Économie et des Finances de la zone euro », réduire les dépenses publiques à 52 % du PIB et garder la règle des 3 %. Nous n’aurons plus les mains libres ! Et il ne pourra pas mettre en oeuvre ses mesurettes économiques car il se heurtera au refus de l’Allemagne et du ministre du Budget de la zone euro qui sera le vrai dirigeant de la France. La souveraineté serait définitivement perdue.

2) Macron affiche des objectifs contradictoires pour la Défense :

Objectif 1 : Donner aux armées les moyens d’assurer la souveraineté stratégique de la France ;
Objectif 2 : Agir pour une Europe de la défense devenue indispensable.

Quelle incohérence ! La réalité, c’est que M.Macron veut un conseil européen de la sécurité, un quartier général européen permanent en lien avec l’OTAN, un Fonds européen de défense. La France perdrait la maîtrise de son armée et de ses équipements et serait soumise à la volonté des autres pays et de l’OTAN. La France ne serait plus du tout indépendante. Pis, avec le système que souhaite M.Macron, la France serait entraînée dans des guerres qui ne sont pas les siennes et n’aurait pas pu refuser de participer à la désastreuse guerre en Irak de 2003.

➝ Poursuite de l’immigration de masse et remise en cause de notre pacte républicain

3) Le projet de M. Macron n’évoque pas une seule fois le terme « immigration » : dans la continuité des félicitations qu’ils à adressées à Mme Merkel, E. Macron entend donc bien poursuivre la politique migratoire désastreuse menée ces dernières années. L’immigration de masse serait maintenue puisqu’aucune réduction des flux migratoires n’est envisagée. Son programme prévoit même une naturalisation plus facile : « la maîtrise de la langue », terme flou, étant appelée à devenir le principal critère de naturalisation. La nationalité serait donc une nouvelle fois affaiblie et distribuée au plus grand nombre, rendant impossible toute assimilation.

4) Maintien de Schengen et affaiblissement de la sécurité des Français : là encore, E. Macron s’inscrit dans les pas de François Hollande en refusant la remise en cause de Schengen. Ce refus dogmatique des frontières nationales ne déboucherait que sur une chose : une sécurité des Français toujours plus affaiblie.

5) Laïcité, une remise en cause tous azimuts. Son projet semble favorable au burkini, c’est donc un affront insupportable fait aux femmes : « Dans l’espace public (rues, plages), l’expression des convictions religieuses doit bien sûr rester libre à condition de ne pas porter atteinte à l’ordre public. » E. Macron tente dangereusement de contourner la loi de 1905 par un financement public et l’ingérence de la puissance publique dans l’organisation du culte musulman : son programme prévoit ainsi le « soutien des communes à la construction de mosquées », la conclusion de baux avec les responsables du culte, des contrats signés entre l’Etat et les aumôniers du culte musulman, l’immixtion de l’Etat dans la formation d’imams et même le lancement d’une nouvelle fondation publique pour la construction de mosquées…

➝ Le projet anti-social de M. Macron

6) Augmentation de la CSG : Il propose « une hausse de la CSG de l’ordre de 1,7 point ». Les ménages devront donc payer 20 milliards d’euros d’impôts en plus ! Par exemple, un couple de retraités touchant chacun une retraite mensuelle de 1 200 € verra le revenu de leur foyer amputé de 36 € par mois.

7) Quasi-suppression de l’ISF : E. Macron veut supprimer l’ISF pour les très gros actionnaires (ses copains du CAC40 et des banques d’affaires). La moitié des réductions d’ISF irait dans les poches des très riches actionnaires, soit 2,5 milliards €. Le patrimoine des plus riches parmi les riches est surtout constitué de capital financier.

Exemple : un patron du CAC40 qui a un patrimoine de 15 millions d’euros constitué de 5 millions dans l’immobilier et 10 millions en actions : Aujourd’hui il paye 170 000 euros d’ISF. Avec Macron il payerait 35 000 euros d’ISF.

8) Augmentation de la taxation de l’assurance-vie à 30 % contre 23 % aujourd’hui : E. Macron augmenterait donc considérablement l’impôt sur les petits épargnants. E. Macron prouve une nouvelle fois qu’il préfère les très riches aux plus pauvres.

9) Aggravation de la loi El Khomri par la mise en place d’un plafond des indemnités prud’homales à la suite d’un licenciement : c’est une loi El Khomri puissance 10. Affaiblissement de notre droit social et du code du travail : il prévoit un code du Travail recentré autour de quelques principes, dépouillé de ses mesures protectrices et qui pourra être contourné par l’organisation de référendums d’initiative patronale au niveau de l’entreprise, pour tuer toute chance de dialogue social. Cela crée une concurrence à l’intérieur même d’une branche professionnelle. En somme, des règles minimes, et moins de protection pour les salariés.

➝ Rien pour la ruralité, rien pour les territoires. La France des oubliés définitivement oubliée

10) Rien n’est dit sur les traités de libre-échange. M. Macron a pourtant pris position en faveur du CETA (accord commercial entre l’UE et le Canada) qui va miner notre agriculture et affaiblir toujours plus nos agriculteurs, poursuivre l’effondrement de notre économie et de notre industrie, etc. On le voit ici très clairement, E. Macron louvoie et ne s’attaque pas aux sujets fondamentaux, qui affecteront pourtant très durement la vie des Français.

11) Une organisation territoriale qui profite aux seules grandes métropoles : le monde rural est le grand lésé du programme d’E. Macron, puisqu’il en est tout simplement absent. Ses mesures aggraveraient même l’enclavement de nos campagnes, puisqu’elles prévoient d’accentuer l’éloignement des citoyens de l’action publique que la loi NOTRe a engagée. Ainsi, il prévoit de supprimer 25 % des départements, en subordonnant aux métropoles les territoires qui les entourent. Les petites communes rurales de ces zones perdraient toute autonomie.

Je vous propose de retrouver mon projet et mes 144 engagements pour la France ici !

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